Titre : La gueule de leur
monde
Auteur : Abram Almeida
Edition : Paper Tales
Nombre de pages : 184
Lorsqu'un
jeune diplômé africain se décide contre tout bon sens à rejoindre la horde de
migrants qui tente de traverser la méditerranée pour atteindre l'Europe, on se
doute déjà que quelque chose ne tourne pas rond dans ce monde. Mais comme tous
ces indésirables fuyants la guerre, la famine ou Dieu sait quelle autre
calamité dont seul le tiers monde a le secret, il a ses raisons.
Il
est pourtant bien loin de s'imaginer ce qui l'attend au cours de son périple où
rien, mais alors vraiment rien ne se passe comme prévu. Dehors il y'a désormais
des djihadistes qui redessinent la figure du monde à l'arme lourde, des forces
de l'ordre qui ne savent plus où donner de la matraque, des malfrats de tous
bords qui font des affaires avec des vies humaines, le tout dans le dos de
gouvernements trop occupés à se refiler tout ce monde de misère envahissante.
Notre
héros lui ne voit pourtant aucune incohérence à toutes les invraisemblances de
ce monde, c'est un Candide des temps modernes. Avec trois compagnons de route
aussi touchants que comiques, il arpente les sentiers de la migration sans se
soucier de ses dangers. Ces drôles de lurons arriveront-ils au terme de leur voyage ?
Celui-ci en vaudra-t-il la peine ? Quoi qu'il en soit, l'Europe n'a qu'à bien
se tenir... Ils arrivent !
Le
personnage principal se surnomme l'orphelin, c'est un homme ingénieux,
courageux, calme, sensé, pessimiste, sociable, protecteur, à l'écoute,
réfléchi, observateur, discret mais futé. De plus, il ose prendre sa vie en
main, a de la discussion et un avis sur tout.
Tout
d'abord, merci beaucoup à l'auteur de m'avoir mis à disposition la version
numérique du roman, c'est la première fois que je reçois ce genre de
proposition et j'en suis extrêmement fier et touché. Ça me motive fortement
pour continuer mon travail et faire évoluer encore plus mon blog. De plus, j'ai
pu découvrir un ouvrage que j'aime beaucoup et que je n'aurais probablement pas
découvert par moi-même. En effet, "La gueule de leur monde" est un
livre autoédité et il m'a fait prendre conscience qu'il y a des merveilles qui
ne sont pas suffisamment mises en avant ce qui est vraiment dommage car ce
livre mérite toute notre attention.
Nous
sommes tout de suite plongés dans le roman qui est très addictif, lorsqu'on le
commence il est impossible de s'arrêter. Il y a de nombreuses références
culturelles et à l'actualité (qui font parfois sourire), j'ai aimé ces petits
clins d'œil de l'auteur à son lecteur. L'ouvrage évoque aussi un sujet de poids,
la migration, c'est une réalité qui nous concerne tous et dont il est important
de parler afin de sensibiliser le maximum de personnes. De plus, j'ai trouvé
très délicat et juste le fait que l'auteur aborde un tant soit peu le quotidien
de la femme dans cette situation alors qu'on suit un personnage masculin.
Il y a
de nombreux traits d'humour et le ton satirique est très étonnant mais tout à
fait agréable et contre toute attente je trouve que ça ajoute un peu de
légèreté, il prête parfois à sourire et ça atténue l'atmosphère grave de
l'histoire. J'ai aimé que la plume de l'auteur soit sans langue de bois, le
fait qu'il critique des choses que je connaisse, le monde, des phénomènes de
société. "La gueule de notre monde" me donne envie de lire plus de
romans satiriques. Il y a aussi très peu de dialogues en discours direct ce que
j'apprécie, je trouve ça plus fluide.
Ensuite,
nous sommes vraiment dans la peau du personnage principal et on ressent tout ce
qui le traverse, on éprouve alors énormément de stress et d'espoir. Le lexique
a également une part importante dans ce livre. Il y a un langage familier et
par exemple lorsqu'un personnage parle dans une autre langue, comme l'anglais,
ce n'est pas traduit ce qui est rare et très agréable. Tout ceci ajoute beaucoup
de réalisme à l'ouvrage. De plus, on croise de nombreux protagonistes atypiques
dont j'ai adoré découvrir les passés ou tout simplement leurs personnalités et
dont on ne connait pas les prénoms. En effet, pour les désigner l'auteur
n'utilise que des surnoms ce qui traduit d'autant plus la réalité puisqu'on
devine très bien que chacun préfère protéger sa véritable identité. Il y a
aussi des scènes fortes et choquantes qui nous marquent et qui nous font nous
souvenir du roman. "La gueule de leur monde" c'est une histoire
déchirante de vérité, on préférerait se dire que ce n'est que de la fiction
mais dans son for intérieur on a bien conscience que c'est ce qui se passe en
réalité.
L'ouvrage
met aussi parfaitement en évidence les problèmes économiques des migrants et la
difficulté du voyage, le fait que ça dure longtemps, les questions qu'ils se
posent etc… On rentre vraiment dans la tête du protagoniste principal et on
partage son quotidien, ses doutes, ses peurs et ses joies. On découvre également
de nombreux pays africains qui sont peu médiatisés et qui ne sont pas mis en
avant en matière de tourisme par exemple. Nous apprenons beaucoup sur le
contexte politique et économique de l'Afrique moderne et j'ai trouvé ça très
intéressant car j'ai l'impression que c'est un continent dont on entend peu
parler. J'ai adoré aussi en savoir plus sur l'histoire de ces terres, on
comprend les blessures de ses habitants, de plus on apprend très peu de choses
sur cette partie de la planète à l'école, ce livre permet donc de compenser.
"La gueule de leur monde" élargit donc fortement notre culture
générale.
En
plus d'être un mélange entre un roman contemporain et un conte philosophique
des temps modernes j'ai remarqué d'autres genres qui sont venus se glisser dans
cet ouvrage. D'une part, le récit de voyage puisque le personnage nous fait
part des peuples qu'ils rencontrent, des émotions ressenties et des choses vues
et entendues. D'autre part, j'ai
également eu parfois l'impression de retrouver les codes de l'essai : une
réflexion (ici sur la société et notre monde) argumentée avec des exemples
concrets et réels (les migrants). Nous avons aussi un point de vue différent
sur de nombreux sujets tels que la politique ou encore l'école. On peut même
parfois être surpris par ce qu'on lit, mais finalement ça donne un nouvel
aspect des choses, une autre perspective.
À
travers ce livre nous sommes réellement confrontés à la dureté de la vie et ça
nous fait beaucoup relativiser sur notre propre existence. Ça m'a fait remettre
en question les "croyances" que j'avais, notamment en ce qui concerne
les réseaux sociaux. On apprend aussi beaucoup sur la vie d'un migrant et je
trouve ça très important, ça nous permet de mieux les comprendre. C'est un
ouvrage qui fait énormément réfléchir, on se demande à chaque instant ce qu'on
aurait fait, si notre vision n'est pas déformée et si oui par quoi, et on se
demande ce qu'on peut faire pour eux. Je suis aussi confortée dans l'idée que je
me fais des médias : il ne nous montre pas ce qui est vraiment important, ce
qui est grave et nous donne une image déformée des choses qu'ils ne changent
pas réellement. Ce livre est une véritable prise de conscience, un message de
tolérance et d'empathie, j'ai réalisé ce qu'est l'enfer.
"De nos jours,
fallait pas faire de bruit en passant dans la vie."
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